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Catégorie : Vivre

gerry edouard

26 octobre 2016 Isabelle Caza

La main qui tient son rêve

Catégorie : Vivre

Je suis la benjamine d’une famille de 3 filles. Mes parents, il y a 40 ans, ont tenté une dernière fois d’avoir un garçon 5 ans après la naissance de ma sœur. Lorsque je suis née, mon père était heureux, mais je pense qu’il était déçu de ne pas avoir une relève masculine dans la famille. En fait, il m’a déjà dit qu’ils avaient essayé une dernière fois d’avoir un gars…

Papa passait des heures et des heures dans son garage à faire des meubles, à réparer des choses… et moi, je passais des heures et des heures à l’aider en lui donnant les outils dont il avait besoin. Il m’a élevée un peu comme un garçon. Bien que je sois loin d’avoir un look «tomboy», je sais quoi faire avec un tournevis et un marteau. ☺

Mes sœurs Chantal et Mireille ont eu respectivement 2 et 4 merveilleuses filles. C’était un privilège pour mon père d’avoir une si belle famille. De mon côté, j’ai eu une fille, Alexann, qui a complètement changé ma vie et pour le mieux. Puis, je suis tombée enceinte. Je savais que c’était la dernière fois, et que c’était aussi la dernière chance pour mon père d’avoir un garçon dans sa famille… Et vous savez quoi? Quand je lui ai annoncé que le petit Édouard se pointerait le bout du nez en août, il m’a répondu : «Ok, bien heureux; je serai un grand-papa qui ne sera pas plus heureux de sa venue que de celle des autres. Des filles ou des gars, c’est la même chose». Effectivement, que ce soit un gars ou une fille, dans la vie, c’est d’avoir un enfant en santé qui est important. J’étais loin de penser que mon père aimerait davantage mon gars, mais je pensais qu’il serait heureux d’avoir un gars avec qui partager toutes ses connaissances manuelles et ses passions.

Puis, un jour d’été, le 16 août 2006, le travail a commencé. J’allais mettre au monde un beau petit bonhomme! En me levant ce matin-là, j’étais loin de penser que c’était le grand jour. J’étais à 2 semaines de la date prévue et je n’avais aucune contraction. Aucun signe à l’horizon. C’est lors d’un rendez-vous de routine avec mon gynécologue que celui-ci m’a annoncé que le travail était bel et bien commencé. D’ici la fin de la journée, mon tout petit bébé tout neuf viendrait au monde. Mon chum, étant présent, a téléphoné à mes parents pour leur annoncer que le travail débutait et que tout irait bien vite. C’est alors que mes parents ont décidé de partir de Terrebonne et d’assister à ce moment si précieux. Ils étaient du genre à nous respecter et attendre notre appel pour venir nous rejoindre. Ils ne voulaient jamais s’imposer, mais, pour une raison que j’ignore, ils sont venus sans attendre… (je me doute peut-être un peu du pourquoi).

Quand Édouard est arrivé, mes parents étaient dans le corridor afin de vivre ce moment magique. Je ne savais pas qu’ils étaient là, ils ont tout vu du coin de l’oeil… Ceci étant dit, ils sont rentrés dans la chambre et ils étaient bien heureux de se retrouver parmi nous. Mon père était heureux, mais visiblement sans plus.

Lorsque je suis sortie de l’hôpital, quelques jours plus tard, j’ai reçu la visite de mes parents. Mon père a pris Édouard dans ses bras et l’a bercé pendant plusieurs heures… et à un moment il s’est mis à pleurer en sanglots… il venait de réaliser qu’il tenait son rêve dans ses bras.

Quelques semaines plus tard, mon père a appris qu’il avait un cancer incurable et c’est un an plus tard qu’il nous quittait pour rejoindre un autre monde. Il avait écrit une lettre à son petit-fils qu’il avait mis des heures et des heures à rédiger. Il m’avait dit de l’ouvrir seulement quand il serait parti… J'ai ouvert la lettre environ 1 an après sa mort parce que j'étais incapable de le faire. C’était simplement écrit : « J’irai pêcher avec toi un jour»…

Aujourd’hui, Édouard a dix ans et j’aurais tellement aimé qu’il connaisse son grand-papa. Ils auraient fait pleins de choses ensemble. Mon papa l’aurait amené partout… lui aurait montré tout ce qu’il connaissait. Ils auraient eu une très grande complicité, c’était écrit dans le ciel.

En terminant, vous savez quoi? Un jour j’irai à la pêche avec Édouard…

 

La main qui tient son rêve

main reve sorel tracy

 

Quelques mois avant le décès de mon père Gerry

gerry edouard auto

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À propos de l'auteur

Isabelle Caza

Entrepreneure à Sorel-Tracy depuis maintenant plus de 15 ans, directrice chez Agence Caza, j’aime bien vivre ici, travailler ici …