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Catégorie : Art, culture et société

Opas Chotiphantawanon / Shutterstock.com

1 septembre 2016 Marc Mineau

Apprendre à lire

Catégorie : Art, culture et société

Mon premier contact avec les arts visuels remonte à mon enfance alors que, par obligation et non par choix, je devais assister à la messe du dimanche à l’église Saint-Pierre, ma paroisse natale. Ne comprenant rien à ce qui se passait dans le chœur (la messe était alors chantée en latin, le prête tournant le dos aux pauvres fidèles), je jetais régulièrement un œil sur les deux grands tableaux trônant de chaque côté de la nef. Le regard exalté des personnages et les angelots rondelets me sidéraient littéralement.

Plus tard, jeune adolescent, j’ai visité pour une première fois le Musée d’art contemporain de Montréal situé à cette époque à la Cité du havre à Montréal. Quel choc ce fut. J’y ai vu là des peintures et des sculptures que je ne comprenais absolument pas. Étourdi par l’inconnu, je me suis demandé ce que je faisais à cet endroit mystérieux. Curieux de nature, j’y suis pourtant retourné au moins une centaine de fois dans ma vie.

Si je vous parle de cela c’est que, contrairement à la littérature, au théâtre, au cinéma ou même à la musique, les arts visuels exigent un investissement différent de la part des spectateurs. On ne décode pas une œuvre d’art comme on décode une langue écrite ou parlée. Il n’existe pas vraiment un alphabet auquel on puisse se référer. Il existe bien sûr un langage plastique qui peut favoriser un décodage descriptif qui, à mon avis, est souvent essentiel même s’il n’est pas toujours utile.

À vrai dire, il n’existe pas « une » manière de lire une œuvre d’art. Si tel était le cas, l’art n’en vaudrait pas la chandelle. Il existe plutôt des milliers de manières de lire une œuvre d’art. C’est d’ailleurs là que réside la richesse de l’art. Umberto Eco a publié en 1965 un ouvrage intitulé « L’œuvre ouverte ». Sommairement, cet ouvrage est basé sur le principe que l’œuvre d’art contemporaine, comparativement aux œuvres classiques, comporte une multiplicité de portes d’entrée. Il souligne d’ailleurs que cela représente à la fois la plus grande force de l’art et aussi sa plus grande faiblesse. Il ne suffit pas à l’artiste de créer un objet aux multiples significations, il lui faut également insuffler un sens aux significations possibles. En d’autres mots, il faut éviter que l’abondance de sens épuise la pertinence de l’œuvre.

En passant, ou en terminant, je trouve qu’il est bien peu courant de voir une œuvre d’art à Sorel-Tracy. J’y reviendrai là-dessus un de ces jours.

 

source photo : Shutterstock

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À propos de l'auteur

Marc Mineau

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