Nous sommes vraiment de drôles de moineaux. Non, nous sommes vraiment de drôles d’animaux. Non, nous ne sommes vraiment pas drôles.
À 14 ans, Chez Coyau, à Sainte-Anne-de-Sorel, juste au côté du pont de l’île aux Fantômes, j’ai assisté impuissant à une bataille qui m’a longtemps hantée. L’inhumanité des coups de poings et de pieds assénés par le plus fort des deux me faisaient aussi mal que ceux accusés par celui qui les recevait. Comment un corps pouvait-il survivre à de tels coups applaudis par la meute de spectateurs bavant devant ce spectacle dégradant. Aujourd’hui, à 63 ans, ces images me reviennent encore et me font toujours aussi mal; pas physiquement bien entendu.
Un «ami» Facebook, que je ne connais pas personnellement, comme c’est le cas de beaucoup d’autres, a partagé une vidéo d’une bestialité hautement dégradante. Encore une fois, j’ai pu constater que l’être humain est capable du meilleur et du pire. Comme je préfère le meilleur, je n’ai pas visionné la vidéo jusqu’à la fin et je ne la recommande surtout pas. Pour vous donner une idée, il s’agissait d’un combat entre deux équipes de 5 gars (bœufs) dans un ring fermé par un filet (comme ça personne ne peut fuir une fois engagé dans un combat, j’imagine). À ce que j’ai pu comprendre, il s’agissait de démembrer tous les membres de l’autre équipe. Les décapiter en somme. Cette brutalité sans motif implique qu’un ou plusieurs pugilistes frappent l’autre tant et aussi longtemps que celui-ci soit hors d’état de nuire; s’il meurt, tant mieux pour le spectacle. Ça fait plus vrai comme ça.
Je me suis demandé comment un être humain pouvait asséner des coups d’une telle brutalité à un autre humain qui ne lui a rien fait pour le mériter. Je me suis aussi demandé comment le corps pouvait recevoir tant de coups vicieux. Puis j’ai réalisé qu’il y avait des spectateurs en grand nombre présents sur place, des spectateurs dont l’espoir consistait à voir du sang gicler, beaucoup de sang. Je me suis intéressé à savoir combien de personnes avaient visualisé cette vidéo. Des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers? Loin de là! Cette vidéo virale avait été visionnée par 25 718 747 personnes. Puis j’ai lu le commentaire au bas de l’écran : What the hell kind of sport is this and where can I see more?
Troublant tout ça. On ne verrait jamais une chose comme ça lors d’une partie de hockey, surtout pas à Sorel-Tracy.
source photo : Shutterstock
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