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Catégorie : Vivre

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25 janvier 2017 Isabelle Caza

Quand la dépression vous touche de près ou de loin

Catégorie : Vivre

J’ai longtemps hésité à partager cette chronique. Je l’ai changée plus d’une dizaine de fois parce que je ne trouvais pas la bonne direction à prendre. Parce que j’ai côtoyé la dépression de près et qu’elle m’a touchée, bouleversée, terrifiée.

La dépression est encore aujourd’hui un sujet très tabou; on en parle un peu plus, mais c’est une maladie incomprise. Plusieurs artistes en ont parlé récemment afin d’aider à la démystifier, comme par exemple Florence K, Étienne Boulay, Marie-Soleil Dion et plusieurs autres. D’ailleurs, Bell a lancé une campagne de grande envergure qui s’étend sur plusieurs années, Bell Cause pour la cause, destinée à briser le silence entourant la maladie mentale. Voilà une campagne marketing qui me rejoint sincèrement.

On peut penser que cette maladie n’existe pas vraiment, que c’est un manque de bonne volonté ou encore de la paresse. Qu’il suffit de se donner un coup de pied dans le derrière, de se parler un peu, de faire de l’exercice et que tout se réglera tout seul. Pourtant, lorsque ça frappe, ça fait mal, c’est douloureux! C’est mental, mais aussi physique. Tout le corps en entier s’en ressent. C’est comme si un gros camion venait nous frapper sauf que nous n’avons pas vu venir ce fameux camion. Nous connaissons tous, dans notre entourage, quelqu’un qui a vécu cette maladie. Parce que, n’ayons pas peur des mots, c’est une maladie. Elle doit être contrôlée et soignée, mais elle parait étrange parce que ce n’est pas concret. Ce n’est pas tangible. C’est comme un mystère de la vie. On ne peut pas comprendre ce qui se passe dans la tête d’une personne en dépression, il s’agit de gens comme vous et moi… Pourquoi sommes-nous gênés, encore aujourd’hui, de parler de dépression? À cause du jugement des autres. Pourquoi ne sommes-nous pas gênés de parler de rhume? C’est malaisant…

La dépression n’est pas seulement un changement d’humeur temporaire, mais un véritable problème médical comme le cancer ou le diabète. Ça se guérit, ça se contrôle, mais il faut absolument être pris en main pour passer à travers cette épreuve qui à certains moments, peut être fatale.

Dans mon entourage, à l’automne 2015, j’ai accompagné une personne en dépression majeure et je dois avouer qu’au départ, je ne comprenais pas ce qui se passait. J’étais un peu décontenancée par la situation. Je ne comprenais pas ce qui se déroulait dans la tête de cette personne qui avait été toujours si forte, si joyeuse et si positive. Ses mauvaises impressions étaient si fortes et les tout petits problèmes étaient devenus si grands qu’elle ne pensait pas pouvoir s’en sortir. Elle n’arrivait pas à voir le soleil dans ses journées qui n’arrêtaient pas de raccourcir. L’automne devenait de plus en plus noir et les problèmes devenaient de plus en plus volumineux sans solution possible.

C’était mental mais aussi physique. Elle avait perdu beaucoup de poids, son visage était différent. L’hospitalisation était devenue nécessaire et ça été le début d’une longue guérison. Pas facile pour une personne d’être dans un environnement avec des gens qui nous paraissent étranges. À l'étage, dans cette aile barrée, sécurisée, se trouvaient beaucoup de gens avec des troubles psychologiques très sévères. Par contre, il y avait BEAUCOUP de gens qui vivaient une sévère dépression et qui avaient besoin d’aide dans un environnement contrôlé. C'est très impressionnant de voir tous ces professionnels travailler avec leur coeur pour aider les gens qui souffrent. Ils le font avec dévouement et sans jugement. Il faut faire confiance à la médecine et prendre le temps nécessaire pour remonter la pente et retrouver la joie de vivre et l’énergie qui étaient disponibles avant cette maudite dépression.

Comment fait-on pour accompagner une personne en burn out? En fait, je pense qu’il faut être présent, à l’écoute, disponible ; c’est ce que j’ai fait. J’ai pleuré… beaucoup. Parce que je voyais cette personne avoir mal et je ne pouvais rien faire sauf tenter d’ensoleiller ses journées comme je pouvais. Il ne faut surtout pas juger ces personnes parce qu’elles se jugent déjà beaucoup. Elles comprennent qu’elles ne vont pas bien, mais ne savent pas comment guérir. Prendre des médicaments pour guérir un mal incompris est souvent inquiétant et même fâchant. Il faut vivre un jour à la fois et même parfois, une heure à la fois.

Aujourd’hui, plus d’un an plus tard, cette personne a retrouvé le soleil dans ses journées. La joie de vivre est revenue. Elle est changée, c’est vrai. Mais on peut dire que c’est une histoire du passé. Il faut faire confiance au destin et lâcher prise sur le contrôle parce que quand la maladie frappe… on ne peut plus être en contrôle de rien.

La vie est belle, il faut simplement apprendre à vivre avec ce qu’elle nous offre. Apprendre à vivre avec les hauts et les bas.

 Source photo : Shutterstock

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À propos de l'auteur

Isabelle Caza

Entrepreneure à Sorel-Tracy depuis maintenant plus de 15 ans, directrice chez Agence Caza, j’aime bien vivre ici, travailler ici …